Le lendemain, Joyeux a voulu nous initier aux joies de la peinture des fois qu'on ne se rappellerait plus...

Il avait apporté avec lui une palette avec quelques couleurs et un pinceau nouvelle génération, une éponge à la place des poils. J'ai tout d'abord trouvé ce pinceau génial dans des menottes de 3 ans, très pratique pour étaler et poser des taches de peinture à la manière impressionniste en se moquant des contours... (tu rêves mamie !!??...)

-- Bon !... maintenant faut que je peinde le dessin !

-- Non !... que tu peignes le dessin

-- Oh ! oh ! oh !... mais non, papi, c'est pas un peigne c'est de la peinture !

J'avais pris soin de mettre une petite coupelle avec de l'eau pour rincer ledit pinceau, mais je n'ai pas eu le temps de faire un aller retour à la cuisine que l'éponge abondamment gorgée d'eau avait sévi sur la feuille : remarquable aquarelle, plus aqua que relle, gris-marron, aux allures de radeau échoué sur la table.

J'ai crié au secours et retour à la case départ avec palette nettoyée, eau propre, feuille vierge, ajoutant au matériel un chiffon propre et sec pour essorer le pinceau en cas de crues.

Ah ça, pour essorer, il a essoré !!... plus une goutte d'eau dans la coupelle tout dans le chiffon,  plus du tout de couleurs sur la palette et un trou dans la feuille.

J'ai juste collé une petite pièce à l'endroit du trou que j'ai coloriée de la même "couleur" (si c'en est une) et j'ai dit que c'était bien... faut pas décourager les bonnes volontés.

Pour prolonger l'activité aquatique Joyeux a été prendre son bain, pas tellement parce qu'il était sale mais parce que ça fait toujours une heure de gagnée à circonscrire le sinistre dans un mètre carré.

Dans le bain c'est Gargamelle et les Schtroumpfs qui se livrent bataille et finissent noyés dans le chaudron de la dinette avec la savonnette baveuse. C'est bien les petits savons de chez mamie, on les fait tourner dans les mains sous le robinet, ils font de la mousse, glissent, et sont tout doux, l'eau devient toute blanche et ça sent bon ... et après y'a plus de savon.

L'instant suivant notre scaphandrier, une bouteille d'eau vide fixée sommairement dans son dos par une courroie de sac à dos, le masque de plongée sur le front, se livre à une apnée fébrile de 3 secondes dans une mer fortement agitée. Il refait surface en crachant l'eau du bain, fier comme le grand bleu, aspergeant copieusement au passage le pantalon de mamie.

La serviette à l'effigie de Gaston Lagaffe rescapée de la génération précédente attend la fin des ablutions sur le bord du lavabo et notre nain plein d'à propos entonne tout en sortant de la baignoire

" ...♪ ♫♪ J' fais pipi sur Gaston ♪♫♫ pour arroser les coccinelles ♪ j' fais pipi sur Gaston pour arroser les papillons..."

Alors mamie elle fait comme la mouette à Gaston, elle rit,  me frotte fort partout et ça me fait rigoler.

à suivre....

J'ai eu a une pensée pour feu mon grand père avec toute la tendresse que je lui porte.

Cependant, j'ai commémoré à ma façon l'Armistice pour que la 4è génération signe, à la sienne, la fin de sa guerre.

"Anti-blues" numéro un est venu franchir le pont du 11 Novembre chez nous avec son paquetage, toutes ses munitions et son entrain, nullement affecté par la guerre à laquelle il se livre sur un autre front.

Le complot caché menaçait depuis 9 mois sous les tee shirts de plus en plus larges de sa maman chérie et voilà que fin Août, le ventre s'étant détendu soudainement, le doute n'était plus permis, un intrus occupait maintenant la chambre de ses parents.

-- Dis tu me le donnes ton petit frère ?

--...???

-- Oh tu es content d'avoir un petit frère, hein ?

-- ...???

-- Tu le trouves beau ??

-- ... ??? ( ah !!??  parce que c'est beau ????...)

Qu'est-ce que j'en savais les premiers jours de ce que c'est qu'un petit frère ??... un pantin qu'on admire, qu'on tripote, un truc pour jouer qui grince et qu'on laisse dans un coin quand on en a plus envie...?...de toute façon je voudrais pas le donner puisqu'il parait que c'est à moi.

Ben oui mais non ! ...  trois mois de tranchées pour tenter de garder son territoire et préserver ses avantages acquis au titre du droit d'aînesse, croyez moi c'est du lourd !

On a beau faire pipi, voire mieux, avec ou sans slip et de préférence à proximité du camp de base de l'ennemi, tirer des flêches qui ne savent pas partir en direction du couffin, bercer à s'en décrocher les bras un landau d'où s'échappent les cris insoutenables d'un monstre qui refuse de s'endormir par vent violent force 12, intimider la crevette en la menaçant de l'abandonner toute seule en larmes et sans aucun bras pour la prendre pendant que maman et le grand frère, moi-même, se rendraient à l'école des grands....

rien n'y fait !

L'ennemi gagne du terrain et en plus PERSONNE ne m'aiiiiiiiiiiiiiiiiiiiime !!!

Alors je me retranche chez mamie.

Elle au moins elle donne le sein à personne, elle me regarde quand je parle, elle me raconte des histoires et des bêtises plus grosses qu'elle, elle me fait manger des frrrrrites et des danettes et aussi des mandarrrrrines, elle m'emmène aux jeux faire Sam le pompier dans les échelles de corde, elle me fabrique un stéthoscope avec un ceintre qu'elle a bousillé exprès et un couvercle de ducros qui se décarcasse pour moi.... elle tombe dans des trous qu'existent pas dans sa cuisine et après moi je la soiiiiiiiiiigne avec ma caisse à outils et mon stéthoscope.

Pour le 11 Novembre maman a oublié le landau du petit frère alors moi j'y ai mis mon poupon dedans toute la matinée.... et t'aurais vu ce qu'il a pris l'ennemi !!!!

...  overdose de stéthoscope, des suppositoires, mais aussi des piqûres à coup d'aspivenin périmé, des vols à travers la salle à manger sans casque, un renversement suivi d'un piétinement en règle du matelas, un malaxage de couette en bonne et due forme et quand le combat a été terminé, je vous prie de croire que le guerrier exténué s'est jeté sur son  bifteck haché sans rechigner.

J'sais pas pourquoi au moment de se laver les mains, mamie elle a dit que j'avais bien joué et que c'était autorisé parce que le petit frère n'y était pas mais qu'il faudrait pas le faire quand il serait revenu... c'est comme l'histoire du livre de la bibliothèque qu'elle m'a lue.... parait qu'il faut pas faire pareil que le loup devant la maîtresse. Lui, il rote il pète et il mange ses crottes de nez... sinon, on va au coin sur la chaise ...!!!???

Mamie elle dit que des bêtises.

! Bibliographie ici

Nuit

... et jour