4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 05:47

 

On s'est connues pendant notre service militaire chez les sœurs des déshérités.

Célestine, était belle, une vraie fille, avec une vraie plastique de fille, avec de grands cheveux de fille, de beaux yeux (rouges), de belles dents blanches, qui illuminaient son sourire.

Pas moi !

Bref, elle avait tout ce qu'il fallait pour ne pas être ma copine !

Mais comme déjà à l'époque, je m'intéressais plus au fond qu'à la forme, je me suis dit qu'on allait voir à l'usage !

 

Ce que j’appréciais chez Célestine, c’est qu’elle rigolait volontiers de toutes mes âneries, même si elle en concluait toujours que j’exagérais.

Et moi j’aime faire rigoler.

Célestine, s'est avérée gentille, souriante, accueillante, prête à écouter tout le monde, à faire plaisir, à distribuer des paroles de réconfort, à excuser et pardonner tous les comportements,… même les plus blessants.

Et là, moi, …je trouvais qu’elle exagérait !

Célestine avait un gros défaut : elle était trop brave !

 

C'est alors que j'ai commencé, à comprendre que j'avais une place à prendre à ses côtés,…ou un peu plus loin.

Alors en bonne représentante de ma sainte patronne Santoline, je me suis sentie investie d'une mission de protection envers Célestine :

                   Quand elle avait bu un peu trop de limonade, je l'enfournais dans sa voiture, et conduisais à sa place, je la sommais de garder sa chambre, barrant la porte, et l’interdisant de chanter dans les couloirs, pour ne pas éveiller nos sœurs geôlières.

                    Quand un prétendant se révélait un peu trop balourd, je prodiguais des mises en garde à Célestine.

                    Quand nous avions toutes deux une chute d’adrénaline, elle parlait, je l’écoutais… je parlais, elle m’écoutait, riant, pleurant, sirotant l’élixir de camomille d’un révérant quelconque…, et cela pouvait durer des heures, parfois des nuits !

                     Quand nous partions dans sa voiture, elle conduisait à fond, les yeux collés au rétroviseur pour rectifier son look, et moi, le pied au plancher prête à freiner dans la semoule, je lui intimais l’ordre de rouler moins vite.

…ce à quoi elle répondait … que j’exagérais !...en faisant une embardée.

Puis un jour les chemins de Célestine et de Santoline se sont séparés, se croisant toujours cependant : barbecues, confidences, larmes et rires, maris, enfants, poissons, et le chat….

 

Mais voilà !...Célestine a perdu son chat, et elle ne s’en remet pas.

Alors maintenant, c’est plus ma copine …c’est ma frangine !

 


 

  

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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 07:21

 


Ce gros monstre ne connaît pas sa chance .
Il couve pendant des décennies ses rancoeurs, ses tourments.
Il les rumine, les retourne, les chauffe à blanc.

Il gronde, se contient...puis violemment explose, chassant de sa toux rauque les ramparts qui l'obstruent.
Sa langue de feu se libère et se répand sans vergogne sur tout ce qui voisine, sans se préoccuper des cendres qu'il génère.
Cette langue, trop douloureuse, qu'il s'est évertué à retenir pendant si longtemps..

 -- " Tiens ta langue !" ...lui avait dit sa mère,

... s'est mise à bouillir.

Il aurait voulu qu'on dorlote ses flancs, qu'on le soigne, qu'on le caresse, qu'on le cultive d'une voix douce, qu'on écoute gentiment ses sanglots.
Eux n'avaient pas vu, ni entendu, trop absorbés à exister dans le vrai monde et la vraie vie, avec des vrais soucis. 

... Alors, ...il s'était tu .

Et peu à peu, dans ses entrailles, tout s'était mis à chauffer, à enfler, à hoqueter ... jusqu'à n'en plus pouvoir.


A présent, il vomit ses silences, ses attentes, ses désillusions, ses tristesses et ses humiliations, ses colères, sans le moindre remord, dans une jubilation de souffrance.

Et ... lorsque tout est gris, tout est dit, il peut panser ses blessures et reprendre son souffle.

Il s'apaise et s'endort... oubliant que le monde n'est fait que de mal entendants.

 

 


 

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23 avril 2007 1 23 /04 /avril /2007 09:23

 

 

 

 

Quand mes enfants étaient petits, une amie leur offrit un joli petit livre cartonné où était écrit en couverture :

 

                                     " MOI, ...ma grand mère !... "

 

C'est l'histoire de plusieurs enfants qui se livrent à une "compétition" de grands mères.

Le premier se vente d'avoir une grand mère qui est maître nageur

Le second surenchérit,...la sienne est pilote d'hélicoptère

Le troisième en a une qui est dresseuse de fauve

Le quatrième,... la sienne est pilote de courses sur formule 1

Le dernier, bien ennuyé, ne trouve rien à dire, pour séduire ses petits copains.

                    -- "Alors et toi, qu'est ce qu'elle fait ta grand mère ?

                    -- Ben !...euh !... elle me fait des tartines de beurre avec plein de petits

                       morceaux de chocolat dessus !

 

Là, le texte s'arrête, et l'image montre les quatre enfants, la langue au bord des lèvres,les yeux écarquillés par la surprise, la gourmandise et l'envie, tournés vers leur petit camarade tout surpris.

 

Parmi tous les livres d'enfants qui me sont passés entre les mains, à l'âge où les nôtres s'endormaient le soir avec une histoire, je crois que c'est celui là, qui a fait le plus de chemin dans ma tête.

 

 

Quand ils sont arrivés au CP, la pression a "monté" en moi,... et pas seulement en moi !

 

A la sortie de l'école, après la pluie, le beau temps, les courses, le repas de midi, les mamans très souvent se livrent à des compétitions de progéniture :

 

           -- " Ca y est le mien commence à savoir lire !

           -- oh ! moi il lit déjà une phrase entière depuis Noël

           -- le mien il savait déjà lire en sortant de la grande section !

           -- le mien compte jusqu'à 100 !"

 

Et c'est parti pour 20 ans si tout va bien !!...je vous épargne le cursus scolaire de chacun, avec tous les accrocs, ou les décorations que ces chers petits et grands, amassent avant d'arriver à une "situation" professionnelle, digne d'être énoncée.

 

 Et là, ...ça continue !... mais selon la position que votre rejeton a obtenu dans l'échelle sociale, on parle du sien en terme élogieux, essayant de narguer sans en avoir l'air l'adversaire, ou de celui du voisin, si le nôtre n'a gravi que péniblement les premiers barreaux.

 

C'est alors que les grands parents enfoncent le clou :

         -- "la nôtre est chirurgien dentiste, et son frère a une bonne situation, il est PDG  chez Rothschild  et voyage beaucoup !

         -- oh ! le nôtre, il n'a rien voulu faire !...que voulez vous ?..."

 

La vie est ainsi faite, et l'habit fait encore le moine ...

 

Certes me direz vous, les miens sont "casés" ( pour le moment, car les cases sont fragiles par les temps qui courent !), je suis comblée,… je peux philosopher !

Mais..….y aura-t-il un jour où nous aimerons nos enfants et serons fiers d'eux, uniquement pour ce qu'ils sont dans leur âme et dans leur vie… de jardinier, de plombier, de boulanger,… heureux ?

 

Je ne peux m'empêcher de penser sans cesse au bonheur du petit garçon, qui mange tendrement les tartines de beurre au chocolat, que sa grand mère lui a préparé avec amour et je regrette parfois de n'avoir pas su en faire plus souvent !

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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20 avril 2007 5 20 /04 /avril /2007 08:23

Ca y est c’est décidé, cette fois ci je m’y remets !

Un club de sport au milieu de la nature, à deux pas de la maison, (…à quatre je fais demi tour ), c’est ce qu’il me faut !

Un survêt…normal, c’est à dire pas neuf, des chaussures confortables d’une pointure en trop, un tee shirt un peu large pour caser mes abdominaux, le front haut, le boitement en sourdine, je pénètre dans la salle.

Dans le hall, trois messieurs, une dame ( petit collant moulant, brassière au dessus du nombril) englués dans leur sueur répondent brièvement à mon " bonjour ! ", en pédalant comme des malades, le regard braqué sur le mur d’en face.

Je risque un sourire,…qui se termine en queue de poisson, …ils ne me voient même plus, ils sont déjà loin !

C’est alors que Bernard, le petit moniteur, la quarantaine, sort de son box .

       --" Salut ! moi c’est Bernard, et toi ? "

Je me retourne, et ne vois rien… ni personne d’ailleurs !

Serait-ce à moi que ce charmant nabot s’adresse en me tutoyant ?

Je ne suis pas celle qu’il croit !

       --" Moi ?… euh !… Santoline  XXL !

       --Tu viens pour quoi ?…tu veux te remettre en forme ? perdre du poids ?

       -- Euh !..non ! c’était juste pour voir ! "

(Flûte !… ça se voit tant que ça ?… alors lui, avec une entrée en matière de la sorte, il est cuit !... rayé de ma liste !)

Je lui explique le plus noblement possible, que je souhaite tout simplement rééduquer ma cuisse droite….

Il ne m’écoute même plus et me conduit alors vers un vélo, spécialement conçu pour moi (ou presque) qui évite les lombalgies et la tension sur les genoux, par un pédalage en position allongée, siège " canapé d’angle ", tableau de commandes électroniques, cardio training, etc…, etc…

       --" Ouh lala, j’ai pas besoin de tout ça ! "

       --" Alors tu vois t’appuies là sur le vert, puis sur le jaune, tu sélectionnes ton parcours, tu règles ton temps et tu mets Start …OK ? "

Puis il s’éloigne d’un pas rapide comme s’il n’avait pas que ça à faire !

Visiblement, je ne dois pas correspondre au profil du poste !

 

Je bricole mon compteur,… j’appuie sur start… sans succès !

Je me décide alors à pédaler dans le vide pour ne pas attirer l’attention des autres sprinters.

Je n’irai pas jusqu’à siffloter…ils ne m’entendraient même pas dans ce concert de pédaliers !

Je bois un coup, histoire de faire comme tout le monde, je m’éponge le front !

Super ! je me fonds dans la masse !... et non pas l’inverse .

 

Oh !…ça a bien duré dix minutes, heureusement pour moi, Sandrine, l’autre monitrice, est passée par là, et m’a réglé la bécane sur " manuel ".

On voit tout de suite la sensibilité et le tact féminins !

Forcément ensuite ça a roulé  pour de bon une petite demi-heure, et là j’ai pas bu pour le fun !

 

       --"  Bon ! si j’allais jeter un coup d’œil dans l’autre salle ! ?… ".

 

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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 16:50

 

 

Loin de la famille, le dimanche après la messe et le repas de famille, c’était la promenade dominicale :

L’automne dans les bois, à la recherche de champignons, au printemps le muguet, et l’été, les gorges de l’Ardèche pour la  pêche à la ligne . 

 

Mon père passionné de pêche nous avait équipés en cannes , mon frère et moi.

Maman préparait dans un cabas, le pique nique de toute la famille.

Papa sifflotait ou chantait ( très fort et très faux ).

Nous avions nos maillots de bains, nos chapeaux, notre joie de vivre.

 

Dès que je sortais de la voiture, je me souviens du chant assourdissant des cigales et du flot rafraîchissant de l’Ardèche qui me remplissaient d’un bien être soudain.

Pendant que Maman installait le couvert sur la couverture : assiettes en plastique, gobelets, serviettes, Papa préparait les lignes, et nous, nous butinions d’un côté et de l’autre, jetant des pierres dans la rivière, trempant nos pieds dans l’eau, sautant sur les berges, en attendant le moment du casse-croûte.

 

Le repas terminé dans la bonne humeur, chacun rejoignait sa canne, cherchant l’endroit idéal pour réussir sa pêche .

 

C’est alors que les choses commençaient à se gâter :

… des bruits de galets, des " plouf " intempestifs, des perruques de fil dans les branches, des hameçons plantés dans les chaussettes, des flotteurs sous les rochers, des lignes cassées, …un festival pour mon père !

Il passait alors le plus " sombre " de son temps à marcher dans la rivière décoincer un hameçon, ou un morceau de canne, remonter les lignes, commençant à lancer des salves de mises en garde, nous ordonnant enfin d’arrêter de gesticuler.

De temps à autre, Maman levait le nez de son tricotage, craignant la chute de l’un des deux dans le courant, et veillant à nous enduire de crème solaire.

L’après midi croissant, quelques ablettes, des gardons…et beaucoup de nœuds, … mon père ne sifflait plus !

 

L’heure de la digestion passée, la baignade était alors possible, seulement à certains endroits de la rivière, le cours de l’Ardèche étant réputé pour ses caprices.

Au cours d’une de ces journées, nous avions assisté en direct à la noyade d’un jeune homme par hydrocution..

Mon père avait participé à la tentative de sauvetage, mais en vain …

 

Le lendemain, navrée de ce qui s’était passé, mais surtout très fière du rôle qu’avait tenu mon père en cette occasion, je racontai à toute l’école que le noyé, dont on parlait dans le journal … " nous on l’avait vu !…même que mon père !…et qu’une hydrocution c’est drôlement grave ! "

  

 

 

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