On s'est connues pendant notre service militaire chez les sœurs des déshérités.
Célestine, était belle, une vraie fille, avec une vraie plastique de fille, avec de grands cheveux de fille, de beaux yeux (rouges), de belles dents blanches, qui illuminaient son sourire.
Pas moi !
Bref, elle avait tout ce qu'il fallait pour ne pas être ma copine !
Mais comme déjà à l'époque, je m'intéressais plus au fond qu'à la forme, je me suis dit qu'on allait voir à l'usage !
Ce que j’appréciais chez Célestine, c’est qu’elle rigolait volontiers de toutes mes âneries, même si elle en concluait toujours que j’exagérais.
Et moi j’aime faire rigoler.
Célestine, s'est avérée gentille, souriante, accueillante, prête à écouter tout le monde, à faire plaisir, à distribuer des paroles de réconfort, à excuser et pardonner tous les comportements,… même les plus blessants.
Et là, moi, …je trouvais qu’elle exagérait !
Célestine avait un gros défaut : elle était trop brave !
C'est alors que j'ai commencé, à comprendre que j'avais une place à prendre à ses côtés,…ou un peu plus loin.
Alors en bonne représentante de ma sainte patronne Santoline, je me suis sentie investie d'une mission de protection envers Célestine :
Quand elle avait bu un peu trop de limonade, je l'enfournais dans sa voiture, et conduisais à sa place, je la sommais de garder sa chambre, barrant la porte, et l’interdisant de chanter dans les couloirs, pour ne pas éveiller nos sœurs geôlières.
Quand un prétendant se révélait un peu trop balourd, je prodiguais des mises en garde à Célestine.
Quand nous avions toutes deux une chute d’adrénaline, elle parlait, je l’écoutais… je parlais, elle m’écoutait, riant, pleurant, sirotant l’élixir de camomille d’un révérant quelconque…, et cela pouvait durer des heures, parfois des nuits !
Quand nous partions dans sa voiture, elle conduisait à fond, les yeux collés au rétroviseur pour rectifier son look, et moi, le pied au plancher prête à freiner dans la semoule, je lui intimais l’ordre de rouler moins vite.
…ce à quoi elle répondait … que j’exagérais !...en faisant une embardée.
Puis un jour les chemins de Célestine et de Santoline se sont séparés, se croisant toujours cependant : barbecues, confidences, larmes et rires, maris, enfants, poissons, et le chat….
Mais voilà !...Célestine a perdu son chat, et elle ne s’en remet pas.
Alors maintenant, c’est plus ma copine …c’est ma frangine !