29 février 2008 5 29 /02 /février /2008 11:15



J’oublie mes clés, j’oublie les dates, j’oublie le pain, parfois les rendez-vous, j’oublie les chiffres et aussi les factures …

Mais après tout … qu’importe ?

Je n’oublie pas les paysages, les parfums, les ressentis, les mots, les regards, les sourires et les gestes .

 

Je me souviens de ces routes sinueuses à travers la garrigue et les bois qui nous conduisaient jusqu’au fond de la combe parmi les émanations d’humus et de champignons qui s’élevaient des caniveaux.

Tout en bas, d’énormes bâtisses, refermées sur elles mêmes, dont se dégageait une atmosphère carcérale quelque peu angoissante des usines d’autrefois : fenêtres à barreaux, murs gris, escaliers de pierres, rampes métalliques.

Ca et là, le cliquetis de clés, des grincements de portillons rouillés, des petits groupes qui circulent.

 

Je revois ces sombres couloirs interminables, aux vieux planchers lessivés à l’eau de javel où se perdaient les voix.

Tout aurait pu y être hostile, mais chaque année en Septembre une vague de jeunesse déferlait sous les toits, avec ses pénates et sa vitalité pour venir y acquérir en un an une expérience professionnelle auprès d’enfants… pas comme les autres.

Nous étions répartis dans de vastes chambres austères avec de grosses poutres au plafond, à peine éclairées par une petite fenêtre mansardée et un enduit blanc contre les murs, et dans les coins, un ou deux lits métalliques, selon les besoins.

La journée terminée, nos éclats de voix et nos rires, jets de lumière joyeuse dans cet univers calfeutré, se mêlaient au café pour redonner la vie.

 
Je ressens encore l’atmosphère moite et quelque peu nauséeuse des immenses dortoirs à leur ouverture dès 7 heures du matin.

J’entends le tumulte de ces vastes salles à manger où les enfants prenaient leurs repas au milieu des adjonctions amplifiées des moniteurs .

Je revois ces petites classes colorées où étaient organisées par petits groupes des activités manuelles ou d’éveil selon leurs aptitudes.

Sous la chaleur de Juillet, je me souviens des promenades en petits groupes sur les sentiers caillouteux et poussiéreux parmi les taillis épineux, les chênes verts, les thyms, les romarins, les parfums sucrés de figues et de mûres.

Le moment du goûter tant attendu par les enfants était aussi pour les moniteurs un espace de franche rigolade entre les anciens et les nouveaux, autour des tranches de pain et des barres de chocolat ou de pâtes de fruits .

Certains enfants jouaient entre eux ou seul, d’autres tentaient d’apprivoiser quelques chèvres intrépides, d’autres restaient à nos côtés rassurés par notre présence et notre bonne humeur.

C’est parmi eux que j’ai découvert la valeur des choses simples.

Enfin, je n’ai pas oublié cette tendre présence, paternelle et séductrice à la fois, le timbre chaud de sa voix, son regard noir et ses cheveux de jais, et puis ce lourd chagrin qu’il m’avait déposé un jour pendant la promenade dans le bois à l’abri des regards : dans la semaine qui avait précédé, son fils qui avait alors mon âge s’en était allé sur sa moto pour toujours.

Il m’avait confié son désarroi avant que je m’en aille et en échange je lui laissai mon insouciance.


Parenthèse de ma vie, passerelle pour un futur, je garde de cette année là un rien de mélancolie et un flot de ressentis que, c’est certain … je n’oublierai pas .






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25 février 2008 1 25 /02 /février /2008 11:15

 

Non mais !… voilà deux jours que le serveur de statistiques de mon blog est en congés !… sans préavis, rien du tout ! 

Je sais bien que c’est les vacances scolaires mais tout de même !… un serveur c’est fait pour servir  les clients et pas pour prendre des vacances au ski !
Pendant que Môssieu l'informaticien se repose, moi j’ai une baisse de production parce que pendant deux jours je ne peux plus vérifier si ma fidèle clientèle se bouscule au portillon de mon jardin (ou blog pour ceux qui n’ont pas suivi au fond de la classe). 
En vrai...il est en panne.

C’est que c’est important de savoir si j’ai trois clients ou trois et demi pour la journée d’hier !…comment voulez vous que je fasse mes prévisions pour la fin du mois ?! 


Alors je vous cite :

" Le serveur de statistique n'est pas disponible actuellement.

Nous nous excusons de ce désagrément et faisons le nécessaire au plus vite

Merci de réessayer ultérieurement. " 

 
Disponible : ça veut dire quoi ?… moi quand je suis au boulot, même si je suis pas trop disponible certains jours dans ma tête, je l’écris pas sur mon front, je fais comme si !…  ils pourraient au moins faire une courbe standard, comme ça pour une fois j’aurais la moyenne et je pourrais maintenir le cap en attendant la remise en service .  

Actuellement : ça fait deux jours que c’est actuel... alors faudrait pas exagérer !… moi en deux jours, j’en fais du chemin !… oh ! pas à pieds … mais dans mon neurone.
Alors eux qui sont ès fournisseurs de services, ils doivent bien en avoir des neurones de rechange, alors pourquoi ils s’en servent pas tout de suite ? 

Désagrément : désagréable ?… non mais de qui se moquent -ils ?
Deux jours que j’attends sans manger et sans dormir, enfin presque, pour savoir si je dois continuer à réapprovisionner mes stocks pour les clients.
Avec le réchauffement de la planète (en 2019 : plus de banquise qu'ils ont dit !... si ! si ! ) on ne peut plus amasser les réserves sans risque de péremption .
C’est plus du domaine de l’agréable, c’est une véritable prise d’otage !
 
Le nécessaire c’est quoi ? : boire son café en attendant que le serveur vienne reprendre son service ?… moi j’en connais plein qui font le nécessaire et du coup ça avance pas ! 

Au plus vite : effectivement deux jours c’est rapide pour rapatrier un serveur, j’espère qu’il était pas trop souffrant ?! ...
 
Réessayer : ?… ça suppose qu’on a déjà essayé ... depuis deux jours !
Heureusement que je les ai pas attendus et que j’ai été profiter du soleil au lieu de poireauter jusqu’à ultérieurement !
Ultérieurement c'est bientôt à votre avis ?

 

Bon ben voilà, j’ai fini de râler !… en fait j’ai pas trouvé le forum " réclamations " sur leur nouvelle version pas encore au point, alors des fois qu’en remettant leur serveur de statistiques, ils tombent sur mon blog… ça me ferait très plaisir qu’ils lisent ! 

 

 A plus ! 




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22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 11:40

 

On a beau aimer les vieilles choses, faut bien se rendre à l’évidence … tout a une fin !


Suite à quinze ans de bons et loyaux services, et malgré toute la bonne volonté de mon meccano, notre fidèle Nevada donne des signes de plus en plus flagrants d’agonie.

Oh !… on fait bien attention à ne pas le lui faire trop remarquer pour ne pas la blesser, mais j’ai bien vu que son siège avant droit prenait des allures de bidet et qu’au bout d’une demi heure mon coccyx criait grâce !

On entend bien aussi à chaque démarrage, au moment où on lâche l’embrayage, un claquement sinistre venu du fond de ses entrailles, qui remonte jusque dans nos genoux.

Et puis ce long gémissement grinçant dès qu’on effleure la pédale de freins, comme si les plaquettes et les disques étaient soudés par une arthrose irréversible.

Tiens ça me fait mal au cœur !


On voit bien qu’elle essaie de faire bonne figure, pas une tôle abîmée, pas un angle meurtri, elle s’efforce de rester digne dans sa pelisse gendarmerie, malgré la déprime qui s’empare d’elle.

Alors depuis un an, discrètement pour ne pas la traumatiser davantage, on commence à étudier sa succession … mais c’est très délicat.

 

L’autre jour : journée portes ouvertes chez Peunault, alors comme on passait devant, on a expliqué à la Nevada, qu’on allait voir ses copines et que ça lui rappellerait de bons souvenirs.

C’est que … chez Peunault, ils avaient sorti le grand jeu ! 

Une vingtaine de commerciaux en habits de parade étaient derrières les portes vitrées sur leurs strarting blocks, prêts à nous bondir dessus .

… et c’est ce qu’ils on fait lorsqu’on a pénétré dans le hall.

Mais comme on était avec ma copine Belge et qu’on aime bien rigoler on a passé un bon moment :


-- Vous désirez quelque chose messieurs dames ?

-- Oh nous non ! … on est juste venus chercher le pain !

-- … ? ? ? ! ! !

-- Mais non !… c’était pour rire !… on vient voir des voitures !... vous dérangez pas !... on va regarder !



Et là !... on les a toutes faites, les berlines, les monospaces, les utilitaires, on a tout essayé . Le confort des sièges, réglage recul, hauteur, inclinaison, position des jambes, hauteur du plafond, volume de la malle, place pour les vélos …


Et puis, on est arrivés vers le nouveau Berlangoo … ça nous a fait comme un coup de foudre !

Pas qu’il soit joli joli, encore que moi j’aime bien ! … mais parce que quand on rentre dedans, on se croirait comme chez mémé, sauf l’odeur de moisi : de la place partout pour étaler son bazar, des rangements, de la place pour la tête et les jambes … parce que chez nous il en faut, l’hormone de croissance était comprise dans le modèle de base.

Bref, l’impression d’être en vacances rien qu ‘en s’asseyant dedans … enfin presque !


Le conducteur est roi !… le grand confort, de la place tout autour, mais pour ce qui est du passager, vaut mieux qu’il  ne soit pas trop exigeant !

Pour l’essayage, j’ai bien voulu faire Bobonne, mais quand j’ai voulu m’asseoir sur la place du passager avant, je me suis retrouvée " au carré " comme dans l’avion, avec impossibilité de reculer mon siège.

Je me suis dit qu’il y avait sûrement une explication derrière ???… mais non !


Ensuite j’ai constaté avec plaisir qu’ils avaient pensé aux dames !… une énorme boite à gants pour ranger toutes leurs petites et même conséquentes affaires … juste devant les genoux.

J’ai trouvé ça sympa de leur part … c’est vrai pour une fois qu’ils pensent aux dames !

Et quand j’ai cliqué sur le bouton pour ouvrir la superbe boite à gants, j’ai pas pu ouvrir le couvercle car il butait sur mes genoux … j’ai un gros genou mais quand même !… j’ai essayé de reculer le fauteuil : pas moyen .

C’était ou la boite à gants ou moi !


Alors là ça a été la déconfiture !… on a pris un fou rire et on a appelé le vendeur.

On lui a demandé si le siège c’était normal qu’il ne recule pas plus, il a bricolé un moment et a été obligé de se rendre à l’évidence, c’était le maximum !

On lui a demandé pour la boite à gants ?… lui, il arrivait à ouvrir trois centimètres, alors on lui a dit que bien sûr il avait des plus petites jambes et des moins gros genoux, mais comme il a été un peu vexé d’avoir des jambes plus petites, on l’a fait descendre pour voir qui c’était le plus grand … et bien sûr, c’était pas lui !

Alors pour le consoler, on lui a dit que c’était pas très grave, vu qu’on mettait jamais de gants, et que pour la boite de Kleenexs, on descendrait pour la mettre dans la boite à gants et que pour prendre un mouchoir en roulant, la fente servirait de distributeur … et que c’était cool .

Et puis comme il avait l’air gêné, on s'est dit que tant pis !... qu’à partir de dorénavant, quand nous irions en vacances, je passerai derrière, que ça me faisait un peu vomir mais qu’il y avait largement de la place pour un seau et son couvercle.

Mais comme il avait toujours pas l’air détendu, on lui a demandé s’il n’y avait pas une option sans boite à gants … et là, il a baissé les bras désespérément .


Après on a examiné la malle et il est rentré dans un délire incompréhensible au sujet de la roue de secours qui en était une mais avec laquelle on avait pas le droit de rouler parce que pas de la même taille que les quatre autres … ???… d’ailleurs dans les futures voitures il n’y aurait plus de roue de secours !?

… alors là j’ai laissé tomber parce qu’il faudrait tout me réexpliquer depuis le début !
Si maintenant on a même plus le droit de crever … non mais où va-t-on ?

Enfin voilà, on a bien rigolé … pas le vendeur … mais on était un peu contrariés quand même de voir que pour une boite à gants, ils allaient se le garder leur Berlangoo !



Mais quand on est sortis et qu’on a tout raconté à notre Nevada, elle était drôlement contente !





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19 février 2008 2 19 /02 /février /2008 07:48

 

Depuis qu’elle est toute petite, Lola découpe sur des catalogues des photos de mariées en grandes robes qu’elle glisse soigneusement dans des pochettes plastiques, rangées dans un énorme classeur bleu, lui même caché tout au fond de son grand placard mural.

Souvent, dans ses moments de solitude, Lola s’enferme dans sa chambre, et feuillette son classeur bleu, rêvant à ce jour tant désiré auquel elle n’a jamais pu prétendre en raison de son handicap.

Mais à la cinquantaine, Lola n’a jamais perdu l’espoir, il lui arrive de faire partager son classeur aux nouveaux éducateurs, en disant : moi je choisirais celle ci !… ou celle là !… puis elle dessine avec application des couples de mariés en grande tenue où c’est elle qui tient le rôle de la mariée.

Touchée par tant de nostalgie et d’opiniâtreté un jour j’ai demandé à Lola qu’est ce qu’elle préférait dans le mariage … si c’était le mari ou la robe ? … et là le regard brillant, Lola m’a répondu sans hésiter : la robe !

Je me suis dit : mais pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ?


Alors j’ai demandé à Lola si ça lui ferait plaisir de porter un jour une robe de mariée.

Le regard incrédule elle ne m’a pas répondu tout de suite.

Je lui est expliqué qu’elle pouvait très bien se faire plaisir une fois dans sa vie, en portant une vraie robe de mariée, si elle en louait une à l'occasion du carnaval de l’association.

Lola ne va jamais aux bals costumés, elle déteste se mêler à la foule… mais pour l’heure, un grand sourire a répondu à sa place.

Lola m’a dit :

-- Alors qui sera mon mari ?

-- Oh ! on va bien trouver un garçon qui voudra se déguiser en marié avec toi !

-- Et puis qui sera le maire ?… peut être Jojo ?… et elle éclate de rire .

Le pseudo mariage s’est  donc organisé au fil des jours dans la bonne humeur .

Lola a fait quelques économies pour la location d’une superbe robe, d’une capeline et d’une paire de gants, quelle a longuement exposés dans sa chambre les jours précédents.

Nous avons prospecté pour lui trouver un mari consentant pour la journée, une belle maman et un papa.

Lola a soigné sa coiffure, choisi ses chaussures, nous avons procédé à un dernier essayage avec quelques retouches, et pris quelques photos dans l’intimité de sa chambre.

Puis le jour J est arrivé : dimanche Lola a enfilé sa grande robe blanche, mis des chaussures blanches, ses gants et après un brin de maquillage, elle a posé sa capeline sur sa tête.

Elle s’est regardée une dernière fois dans le miroir, a quitté sa chambre, un sourire illuminé au milieu du visage, puis elle est allée à la rencontre de son promis d’un jour en queue de pie et chapeau de forme et bras dessus bras dessous, ils sont montés en riant très fort dans le véhicule rejoignant les autres participants .


Ce fut le grand jour de Lola !




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13 février 2008 3 13 /02 /février /2008 14:50

 

Hier dans l’ascenseur, au fur et à mesure que je descendais, j’entendais des éclats de voix se rapprocher de plus en plus fort et lorsque j’ai poussé la porte, j’ai cru que les trois personnes allaient en venir aux mains tellement ça résonnait entre les boites aux lettres.

 

Le regard un peu inquiet, prête à esquiver une torgnole qui ne m’était pas destinée, j’ai slalomé tout en essayant de deviner où était le problème… ??

Connaissant les intrigants, mon inquiétude s’est quelque peu dissipée… ce devait être une histoire de famille entre le papi, la fille et la petite fille adolescente… alors j’ai esquissé un sourire.

 

Et v’là t’y pas que le papi s'égosillant, me prend à témoin !?

 

-- Non mais vous vous rendez compte ?...

   Vous savez ce qu’elle m’a dit ??...

            … qu’elle avait cru que c’était pas lui qui m’avait dit qu’elle savait pas que j’avais dit, que c’était pas ce qu’il croyait qu’elle avait dit, parce qu'elle l'aurait pas dit, alors elle a cru que puisqu’il m'avait dit que ce qu’il avait compris, n’était pas ce qu’il croyait, elle a voulu lui dire de peur qu’il ait mal compris ce qu’elle avait voulu dire pour pas qu’il croie que ce qu’elle m'avait dit n’était pas ce qu’il aurait pu croire !

 

 … alors il a rien compris !

 … et moi non plus d’ailleurs !

Alors j’ai regardé la fille avec un regard d’incompréhension pour savoir ce que je devais répondre au papi pour l’apaiser, elle m’a fait un signe ayant l’air de dire : c’est pas grave laisse tomber !... puis elle a ajouté en direction de sa fille :

-- T’aurais mieux fait de te taire !… ça fait que des embrouilles !

Et la petite fille d’ajouter très fort en haussant les épaules :

-- Mais Papi !... mets ton sonotone bon sang !… déjà que t’arrives pas à suivre, si t’entends pas la moitié des choses, comment tu veux qu’on s’en sorte ?!

 

 

Et voilà comment ça arrive les conflits de générations !… avec ou sans sonotone !

 

 


 

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