30 octobre 2008
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... et jusqu'au coude !!
Non mais oh !!!??? ... si Jojo s'imagine que je vais faire la synthèse de Toto à sa place après les vannes qu'il m'envoie régulièrement depuis dix ans de collaboration dissonante ... il se trompe !
Non va !! ... Jojo c'est mon pote, on se dispute sans arrêt mais on s'aime bien quand même.
Quand un des deux arrive avec sa tête des mauvais jours et Jojo c'est souvent un mauvais jour depuis dix ans que je le connais, à croire qu'il a toujours misé sur le mauvais cheval depuis qu'il est né mais qu'il peut pas s'empêcher de rejouer.
Moi, j'ai vu le jour dans une rose et je me vautre dans la soie à côté de Jojo !
... alors je l'écoute, je compatis, je lui raconte mes petites galères pour lui signifier que je suis apte à comprendre les grosses siennes. On se parle de sa Simone, de mon Marcel, de nos grands enfants et quand on a bien soupiré tous les deux, qu'il s'est enfilé quatre cafés et que le travail reprend sa place, mon Jojo a retrouvé du poil de la bête et me tire à boulets rouges dans les pattes, surtout devant les autres collègues.
Au début j'y comprenais rien et m'en trouvais fort marrie. Ma susceptibilité exacerbée au plus au point, ça s'est vite transformé en chantier !... quand on me cherche, on me trouve, et Jojo, il avait qu'à se tenir tranquille !
Réflexion faite, je crois que de sa part c'était plutôt une réaction saine : quand on est mal mené par la vie et qu'une bouffée d'air vous parvient, c'est l'instinct de survie et de revanche qui vous anime.
Mais comme vous avez peur des retours de manivelles, vous vous en prenez à quelqu'un avec qui il n'y a pas vraiment de risques... vous me suivez ?
Alors c'est un peu devenu un sport entre Jojo et moi, on marque des buts, on se tire dans les tibias, on se fait des claques (tacles) comme dirait Pierrot et à la mi temps on se console.
Ce qu'il y a de bien, c'est qu'entre nous ya pas la moindre ambiguïté, on se "kiffe "et on se "vénère", on se cherche et on se jette comme frère et soeur et puis c'est tout .
( d'abord il est moche et moi itou )
N'empêche que je la lui ferai pas sa synthèse !
Il a beau dire que je sais bien écrire, que lui il sait pas, qu'il préfèrerait faire une étude technologique de la cafetière par temps de brouillard nicotinique ( mais pas de sa mère) ... ça marchera pas !
Et puis la synthèse à Toto, ya rien de plus fastoche : il parle pas, il rit pas, il pleure pas, il travaille, il dort et il mange, et en plus il est sympa !... qu'est-ce que tu veux de mieux ? bon !... tu peux lui trouver une petite gastro de temps en temps et une panne de réveil et après ?
... moi un cas comme celui là ne m'intéresse vraiment pas.
J'aime que les synthèses soient compliquées, qu'on ait quatre ou cinq pages à lire et commenter, qu'on coupe les cheveux en quatre, qu'on retourne les problèmes dans tous les sens jusqu'à ce que les stagiaires aient la bouche grande ouverte, que le psy y perde son latin et sorte son Vidal et que Untel soit puni pendant une semaine.
Sinon, ça vaut pas le coup !
Alors Jojo, il essaye de ruser, entre deux portes il me demande ce que je pense de Toto, si j'ai lu son dossier, si son cor au pied va mieux, si avec moi il parle, si je trouve qu'il a fait des progrès ces derniers temps et comme je suis pas si persifleuse que ça, je lui réponds : va te faire voir chez les Grecs.
Ben tout à l'heure il m'a fait de la peine Jojo !
Pendant sa permanence, il était couché sur la table devant sa page blanche, des dossiers multicolores étalés tout autour de lui, la main droite fichée sur son crâne, la gauche tournicotant son stylo (il est gaucher en plus !) l'oeil hagard, la tasse de café collée sur la table ... non ! sans rire c'était poignant, j'en suis toute retournée !
J'ai été sympa, je lui ai laissé un paquet de kleenexs tout neuf et je lui ai souhaité bonne nuit.
Je sais pas pourquoi il a rigolé un peu jaune ???.... serait pas un peu ironique ce Jojo ?
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